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Messages de lussy - Page 2

Lundi 14 Mai 2007 23:11

Pourquoi est-ce que le prix de l'immobilier monte plus qu'ailleurs dans les villes qui sont sous surveillance ? C'est bien qu'une majorité de personnes est rassuré par la présence de ces caméras, non ?

C'est pas parce qu'il y a des caméras dans certains endroits, qu'on te surveille... Faut arréter la parano, les mecs ! Le flic qui regarde les écrans de ces caméras, si tu n'as pas une attitude étrange, il fera pas attention a toi ! Et dès que tu seras sortis du champs de la caméra, personne va te suivre ! Personne va noter, il était là a cette heure là, il a fait ci... Je pense pas que tu marches avec ta pièce d'identité sur le front ! Donc tu restes anonyme... Et en plus le caméras sont en plan large, donc tu peux même pas être reconnu, sauf si t'es suspect et que l'agent de police décide de regarder de plus près ce que tu fais ! Et il me semble que toutes les 24 heures les bandes sont effacées... Donc même plus de trace !
C'est pas du flicage, c'est de la sécurité ! Le jour ou tu feras un arret cardiac en pleine nuit, seul, tu seras peut etre content qu'un policier puisse prévenir rapidement des secours... J'espère pour toi que tu n'as pas de téléphone portable, ni de carte de crédit, car là, tu es réellement fliqué !!! Avec ton portable on peut savoir en permanence ou tu es... Avec ta carte, on sait en permanence ce que tu achètes... Par contre avec les caméras on voit juste des gens qui passent...

Lundi 14 Mai 2007 19:05

Citation de la tranche :
Citation de stef1359 :
Il y a pire comme saison que de faire finale de la Coupe de France et d'être 2eme à 2 journées de la fin.
Espérons qu'ils arrivent à se remobiliser pour les 2 derniers matchs, car il peut y avoir quelque chose de beau au bout.

Sur le match de samedi, ça se joue à pas grand chose, la victoire de Sochaux n'est pas imméritée car ils ont montré un peu plus de gnac (ou de fraicheur ?) que nous, maintenant place au Championnat et félicitations à Sochaux


Ah voilà, ça c'est du message de supporter lucide.............bravo !!!


La tranche tu oublies que des entraineurs marseillais ont été viré avec de tels résultats...Rire Quand ils étaient loin, l'entraineur ne risquait rien, maintenant qu'il se rapproche de la tete du championnat, un changement d'entraineur ne devrait pas tarder a arriver !Rire

Lundi 14 Mai 2007 19:02

Citation de grandmaitre :

En gros tu as dit n'importe donc et tu dois pas vraiment connaitre le foot alors..



Non j'ai pas dit "n'importe"Rire Toi tu dois pas connaitre le français car "moi ya na rien comprendre ce que toi dis"

Lundi 14 Mai 2007 18:20

Citation de tsavatanen :
lussy,
La loi Patriot act ne va-t-elle pas un peu plus loin que cela ?

Autre chose, cela n'ira pas plus loin tant que personne n'aura intérêt à ce que cela aille plus loin mais qu'adviendra-t-il si une personne -qui a accès à ces informations- décide de les utiliser à d’autres fins?

1) Les écoutes téléphoniques, c'est très bien, sauf que l'utilisation qui en a été faite n'a pas toujours été glorieuse…
2) Les casiers judiciaires -qui je le rappelle sont censés être inaccessibles- n'ont-ils pas été consultés par certaines entreprises qui avaient leurs entrées dans la police ?
3) Les fichiers clients des entreprises n’ont-ils pas été vendus sans l’accord desdits clients ?


C'est ce que j'ai écris, entre de mauvaises mains, ça peut ne pas être terrible, mais maintenant si tu n'as rien a caché, tu n'as aucune raison d'avoir peur... Quand tu te sers du tééphone, pour prendre des nouvelles de la famille et les amis, les écoutes téléphoniques tu n'en as rien a faire ! Si tu n'as rien fait, qu'on connaisse ton casier, tu t'en moques ! La police n'a pas accès a tout... Ils ont accès aux crimes et aux interpelations sur leur ville... Rien de plus... Même chose, pour le casier que demande certaines entreprises... Si tu as fumé 3 joints et que tu as eu deux pv c'est pas noté dessus... Par contre c'est vrai que si tu as violé une petite fille ou tué quelqu'un c'est écrit, mais en dehors de ça, il n'y a pas grand chose...
Et pour ce qui est des fichiers des entreprises, oui certains ont été vendu (la poste continue d'en vendre...), bon au pire tu vas recevoir une pub dans ta boite... ça me semble pas bien grave... Du moins je préfère ça, plutot que de voir des attentats, des pédophiles garder ma fille a l'école ou encore des trafics d'enfants ou d'arme...

Lundi 14 Mai 2007 16:27

Citation de tsavatanen :


Est on certain, qu'un homme qui verrait, sur une de ces fameuses caméras son voisin de palier visiter des prostituées serait tenir sa langue ?


Si tu prend l'exemple de la ville de Levallois... Première ville a avoir mise ces caméra... Maire copain d'enfance de sarko... Ville voisine de celle de neuilly... Les images arrivent sur des télés dans le commisariat... Devant ces écrans, un policier... Dès qu'il constate quelque chose de bizarre ou une agression, un vole, il envoie ses collègues... Rien de plus ! Qu'est-ce que vous voulez qu'ils fassent d'autre avec ces vidéos ? T'es filmé dans la plupart des magasins... Des gares... Des musées... Des lieux ou il y a des touristes... A priori ça pose pas plus de problemes que ça... Bien au contraire, ça évite certaines agressions, voles et ça permet aux forces de l'ordre d'intervenir plus vite... Je préfère nettement ça, aux caméras que certains mettent a l'entrée des immeubles qui permettent juste a tout l'immeuble de savoir avec qui en quand rentre son voisin...

Lundi 14 Mai 2007 16:20

J'ai réussit a gagner !!!Rire 11-7 !!!

Lundi 14 Mai 2007 16:02

Citation de bible :
Ca ne t'est jamais venu à l'idée, lussy, que si Madame Cécilia SarkoZy n'a pas voté pour son mari, Monsieur Nicolas SarkoZy, ça pourrait être parce que s'il y a une seule personne qui le connait bien ... de l'intérieur, c'est bien elle ?

Je ne dis pas que c'est la raison . Je fais juste comme tu fais vis à vis de Yann .

Si c'était le cas tu crois qu'elle serait avec lui ?

Et puis franchement qu'est-ce qu'on en a faire si cécilia a voté ou non ? ça ne regarde qu'elle ! Personne n'a été vérifier si Hollande avait bien voté ségo ?

Lundi 14 Mai 2007 15:09

Quand on aime (l'om) on ne compte pas... Alors la même pub pour le meilleur défenseur du monde celon Sergio...Rire

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Message modifié 1 fois, dernière modification Lundi 14 Mai 2007 15:11 par lussy

Lundi 14 Mai 2007 14:56

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Lundi 14 Mai 2007 14:50

Citation de grandmaitre :
Tu veux dire que tu cours aussi vite et saute aussi haut que Cissé ? Tu dois être super fort toi aussi alors.

Tu joues dans un club de foot ? Quel niveau stp.


Non par contre je dois réussir a en cadrer au moins autant et a être moins souvent hors jeu... Donc l'un dans l'autre ça s'équilibreRire Par contre c'est vrai que j'ai pas la même coupe de cheveux que lui et ça ça me dérange pasRire

Lundi 14 Mai 2007 14:42

Citation de Yann-Bleiz :
Vari, je ne fais que répondre à jpc45 sur ces propres argumentations. Je n'en fait aucune définition personnelle.


Non tu fais juste des raccourcis en répondant a coté... Mais t'inquiètes pas c'est pas grave, on a bien compris qu'il fallait pas t'en demander de trop... Plutot que de sortir des clichés, tu ferais pas mieux d'ouvrir un peu les yeux, pour enfin voir dans quel monde on vit ?

Lundi 14 Mai 2007 14:39

Citation de Yann-Bleiz :
Pour en revenir au libéralisme, effectivement, c'est assurer une grande liberté aux citoyens que de mettre des caméras de surveillances à tous les coins de rue, de passer des lois de "flicages" (la loi sur l'internet qui passe en ce moment) ou des lois liberticides comme le Patriot Act aux USA... Émoticône



Mais qu'est-ce que tu racontes ! Émoticône
La liberté des uns s'arrete là ou commence celle des autres... Ou pour reprendre une phrase d'un des auteurs des guignols "la liberté c'est ce qui t'est permis par l'ensemble des maillons de la chaine"...

La loi sur internet est faite pour protéger les mineurs...
La loi Patriot act est faite pour protéger les gens des térroristes...
Les caméras vidéos pour protéger des voles et agression...

Alors bien sur, on peut s'inquiéter de l'utilisation qui peut etre faite de ces lois, mais maintenant, normalement si tu n'as rien a te reprocher, tu n'as rien a craindre... Tout le monde se fout que tu te mettes le doigt dans le nez dans la rue... Que tu écrives ce que tu veux en respectant les lois sur le forum t2t...
Après si tu es arnachiste et en même temps communiste va falloir que tu m'expliques comment tu fais, car c'est pas très compatible...

Citation de Yann-Bleiz :
Et on peut tous rire en coeur quand on apprend que le fameux article du JDD sur le vote de Cécila Sarkozy a été retiré suite à un appel de A. Lagardère...

Non non, SSarko n'a pas du tout de pouvoir sur les médias ! Émoticône


Alors premièrement, il a jamais été dit que cet article a été supprimé parce que lagardère avait téléphoné ou qu'il était responsable de ça... La question a été posée... Ne fais pas de raccourcis comme tu fais bien trop souvent s'il te plait... Pour l'instant a part les intéréssés personne ne sait pourquoi cet article n'est pas paru...

Après, tout le monde sait que Cécilia n'aime pas la politique, que son couple avec Sarko a quelques soucis (liés aussi a ça...), que Cécilia n'a pas envie de faire de la politique, qu'elle veut avant tout protéger sa famille et vivre normalement. Qu'elle a même a un moment voulu partir en Angleterre pour ne plus être suivie par les journalistes et paparazi...

Donc il te serait pas venu a l'idée que cet article, pouvait ne pas avoir grand intéret et que c'était peut etre aussi pour ça, qu'il avait pas été mis ? ça t'es pas venu a l'idée, par exemple que si cécilia n'avait pas été voter, c'était juste parce qu'elle ne voulait pas participer a l'élection de son mari alors qu'elle ne voulait pas le voir président, car sa vie ainsi que celle de ses enfants allaient forcément être plus compliquée ?

Lundi 14 Mai 2007 12:08

La gauche explose en 3 morceaux... Voir 4... DSK d'un coté, Fabius de l'autre et le couple explosé Hollande/Ségo de l'autre... Les verts explosent eux aussi avec Voynet et les membres des verts qui refusent les propositions de la gauche et annoncent qu'ils présenteront 577 députés face au PS aux prochaines élections et de l'autre coté un mamère qui dit qu'il ne faut pas présenter de député face au PS et se reprocher d'eux... Bayrou lui, qui est aujourd'hui presque tout seul, retourne de nouveau sa veste et demande a parlé avec Sarko... Les communistes en rajoutent eux aussi une couche en annonçant, aussi présenter 577 députés et donc ne pas s'allier avec le PS

Et pendant ce temps là, Sarko nous prépare un gouvernement avec des ministres UDF et PS... Histoire de les achever un peu plus...

2 anciens ministres de Jospin au minimum devraient intégrer le gouvernement de Sarko... D'autres ont dit accepter des missions, comme par exemple allègre qui se dit trop vieux pour prendre un ministère, mais qui se dit près a accepter les missions que pourrait lui confier sarkozy, dont il fait des éloges... Ou encore Jean-Pierre Jouyet, ancien membre du cabinet de Jospin...

J'ai bien l'impression qu'en présentant Jospin puis Ségo, le PS s'est un peu suicidé...

Lundi 14 Mai 2007 11:20

Pour DSK, le titre correspond exactement a ce qu'a fait Hollande durant cette campagneRire

Lundi 14 Mai 2007 11:17

Citation de Yann-Bleiz :
lussy et jpc45, cette vidéo montre une nouvelle fois l'hypocrisie de ces gens-là. On est passé d'une droite "bien-pensante" soit disant honnête à la Chirac, à cette droite décomplexé du XXIme siecle, qui plaisante sur certains sujets de manière assez déplacé (on se rappoche du "durafour..."Clin d'oeil. Mais on voit bien aussi la réaction de Dati quand on lui montre la caméra en train de filmer. Alors dans nos petits cocktails au palace on peut dire n'importe quoi, tant qu'on est pas filmé. Là je dis Émoticône

C'est sur le même plan que les vacances sur le yacht de Boloré. C'est une simple question d'éthique, mais je pense pas que la nouvelle équipe dirigante de la France s'en soucie...


Oui c'est vrai c'est honteux ! On a pas le droit de rire entre politiques et partenaires sociaux surtout quand on est de droite ! C'est la gauche qui doit le faire... Bon probleme elle est trop occupé a s'entretuer ! ...
La réaction de dati est normal... ça prouve au moins qu'elle est consciente qu'il existe des gens comme toiRire Tu as écouté la réaction du président de l'unef qui est en face d'elle ?
L'histoire du karcher, j'ai l'impression que tu ne l'as connais pas... Sinon tu réagirais pas comme ça... Aussi bien a gauche qu'a droite, les politiques ont dit qu'il n'y avait rien de choquant lorsqu'on voit la scène en entier... Et puis entre nous... Quand je lave ma voiture, je le fais au karcher, tu crois que c'est insultant pour ma voiture ?Rire

Lundi 14 Mai 2007 09:04

DSK n'a pas été tendre avec le PS ce matin sur l'antenne d'RMC... Pour lui la défaite est du au fait que le PS, n'a pas d'idée... "Sur les 12 grandes questions, le PS a deux idées fausses, sur les OMG, le nucléaire et sur les 10 autres grandes questions on ne sait pas ce qu'en pense le PS"... Pour lui il n'y a qu'un seul moyen de sortir la France du trou dans lequel elle est... Relancer la croissance. Il a aussi dit que le programme de Ségo aurait couté entre 50 et 55 millards d'euros et non les 35-40 annoncés par le PS...

Sinon petite info... Bernard Kouchner aux affaires étrangères !!!

Lundi 14 Mai 2007 08:12

Je comprend que personne n'ait voulu utiliser ces images...

C'est même pas une interview, puisqu'elle n'est pas commencée et qu'ils sont juste entrain de rigoler. Par contre on voit bien que Bruno Julliard, le président de l'unef, qui est le plus grand syndicat étudiant, s'entend bien avec Rachida Dati... Pourtant l'unef est loin d'etre porté vers la droite...

Bref cette vidéo aurait plutot du offrir ta conscience...

Dimanche 13 Mai 2007 22:57

S'il met pas les deux buts, faut vraiment qu'il arrete le foot... Déposé sur sa tete a 3 mètres du but... Dans ces cas, c'est plus dur de ne pas cadrer que de cadrer !

Dimanche 13 Mai 2007 03:33

En voici un autre, très long mais très intéréssant...

La gauche n'est plus socialiste

L'américanisation de la gauche européenne


Dans un livre publié en 1998, un brillant sociologue affirmait : « il n'y a plus aucune alternative au capitalisme. Le débat ne porte plus que sur la question de savoir jusqu'où et par quels moyens on doit régir et réguler le capitalisme. » Ces paroles sont tout particulièrement remarquables parce que l'homme qui les a écrites, Anthony Giddens, était aussi célèbre pour être le gourou intellectuel du Premier Ministre britannique et chef du Parti travailliste, Tony Blair. En se convertissant à la troisième voie (The Third Way, titre du livre de Giddens), qu'il faut clairement comprendre comme la voie médiane évitant à la fois l'anticapitalisme de gauche et le conservatisme de droite, Blair a contribué à mettre fin à une période d'un siècle pendant laquelle la gauche européenne a été dominée par les socialistes. En agissant ainsi, lui et ses homologues du continent ont également facilité un processus qui a eu pour effet de rapprocher davantage les divisions entre les partis politiques européens de celles existant aux États-Unis où le socialisme n'a jamais vraiment pris pied.




Une Amérique sans socialisme




Les théoriciens socialistes de la fin du XIXe siècle ont été tourmentés par la question de savoir pourquoi, seuls parmi les sociétés industrielles, les États-Unis n'avaient pas de mouvement socialiste ou de parti travailliste important. Friedrich Engels essaya d'y répondre dans la dernière décennie de sa vie. En 1906, le sociologue allemand Werner Sombart publia un livre essentiel sur ce sujet, Pourquoi n'y a-t-il pas de socialisme aux États-Unis ? La même année, le fabien H.G. Wells posa lui aussi la question dans The Future in America. Lénine et Trotski étaient tous deux très préoccupés par ce phénomène car il remettait en question la logique interne du matérialisme historique marxiste, telle que Marx l'avait formulée lui-même dans Das Kapital, où il affirmait que « le pays le plus développé [économiquement] montre l'image de leur avenir aux moins développés (1) ». Les États-Unis sont ce pays depuis le dernier quart du XIXe siècle.

Compte tenu de l'affirmation de Marx, les dirigeants marxistes d'avant la Première Guerre mondiale croyaient que le pays capitaliste le plus industrialisé mènerait le monde vers le socialisme. Cela devint une position retranchée du marxisme. Un marxiste orthodoxe (avant qu'il ne devienne le révisionniste des idées marxistes qui eut le plus d'influence), Edouard Bernstein, remarquait encore : « Nous voyons le socialisme moderne entrer aux États-Unis et y prendre racine en relation directe avec l'extension du capitalisme et l'apparition d'un prolétariat moderne ». En 1902, Karl Kautsky, considéré comme le théoricien en chef du parti social-démocrate allemand, écrivait : « l'Amérique nous montre notre avenir, si tant est qu'un seul pays puisse le révéler à un autre ». Il élabora cette idée en 1910 parce qu'il s'attendait à ce que « l'aggravation prévisible du conflit de classes » se développe « plus fortement » en Amérique qu'ailleurs. August Bebel, chef politique des sociaux-démocrates allemands, déclara nettement en 1907 : « Les Américains seront les premiers à inaugurer une république socialiste (2) ». A une époque où ce parti allemand était déjà un mouvement de masse qui comptait de nombreux élus au Reichstag, alors que le parti socialiste américain obtenait moins de 2% des votes, cette conviction reposait sur le fait que le développement industriel des États-Unis était bien plus avancé que celui de l'Allemagne.

L'incapacité permanente des socialistes à créer un mouvement viable aux États-Unis était une source de grand embarras pour les théoriciens marxistes car ils supposaient que la « superstructure » d'une société qui détermine le comportement politique dépend des systèmes économique et technique sous-jacents. Max Beer, qui, en cinquante ans de carrière dans le socialisme international, a été membre des partis autrichien, allemand et britannique et qui a travaillé pour l'Internationale socialiste, a décrit l'anxiété que les chefs marxistes européens exprimaient dans leurs discussions privées à propos de la faiblesse du socialisme en Amérique. Ils savaient que c'était une « contradiction vivante de [...] la théorie marxiste » et que cela soulevait des questions sur la validité du marxisme lui-même (3) ».

En 1939, dans une publication destinée à un public américain populaire, Léon Trotski ne reprit la phrase du Capital citée ci-dessus que pour l'écarter avec ce commentaire : « en aucun cas, il ne faut [...] prendre ceci au pied de la lettre (4) ». Trotski connaissait bien sûr son marxisme et était parfaitement conscient que la théorie exigeait que les États-Unis soient les premiers sur la voie du socialisme. Son commentaire suggère que la contradiction le préoccupait beaucoup. Son effort pour la transformer en affirmation métaphorique montre qu'il n'avait pas de réponse à l'énigme qu'elle posait.

Cependant, malgré le piteux record du socialisme organisé en Amérique, on peut soutenir que, en un sens, Karl Marx avait raison de dire que le pays le plus développé « montre l'image de leur avenir aux moins développés ». Telle qu'elle s'est développée dans la réalité, et non comme l'espéraient les marxistes, la culture politique américaine reflète la logique d'une société avancée sur le plan économique et technique. Les États-Unis, qui n'ont jamais connu le régime féodal, ont été le prototype de la société bourgeoise. Comme Max Weber l'avait compris, les États-Unis pouvaient devenir l'économie la plus productive du monde précisément parce que leur culture renferme entièrement les valeurs capitalistes. L'homme capitaliste idéal pouvant servir de référence était un Américain : Benjamin Franklin. Pour Weber, c'est dans les écrits des Pennsylvaniens que « l'esprit du capitalisme » a été le mieux exprimé (5).

En 1940, l'idée que la politique non socialiste américaine s'avérerait un modèle pour la gauche européenne fut présentée dans tout son éclat par Lewis Corey (Louis Freina), ancien chef du parti communiste américain, dans une série d'articles parus dans l'organe des Lovestoneites, Workers Age. Harvey Klehr résume ainsi l'intuition de Corey :




« Loin d'être une exception, l'Amérique était en fait le modèle des pays capitalistes. On s'était contenté de changer les positions dans la course ; les socialistes européens pouvaient voir dans l'Amérique l'image de l'avenir infortuné qui les attendait. Loin d'être un cas unique ou même un cas vaguement différent, l'Amérique était le prototype du capitalisme. Dans un curieux renversement des rôles, c'étaient désormais les socialistes européens qui, en regardant par-delà l'océan, pouvaient voir l'avenir de leur propre mouvement. Le développement américain n'était pas différent de celui de l'Europe : il était seulement à un stade plus avancé (6) ».







Changements sociaux et changements politiques







Comme Corey l'avait prévu, dans les autres démocraties occidentales, la gauche s'est mise de plus en plus à ressembler à la gauche non socialiste américaine. A un degré plus ou moins élevé, tous les grands partis de gauche rejettent à présent l'économie étatiste et voient dans le concurrence du marché le moyen de parvenir à la croissance économique et d'augmenter le niveau de vie. Les partis sociaux-démocrates et travaillistes sont à présent socialement et idéologiquement pluralistes. L'Internationale socialiste a effectivement été refondue en un nouveau regroupement de partis progressistes, elle a adoubé la « troisième voie » au sein de laquelle le parti démocrate représente les États-Unis.

Ce changement de caractère des partis européens reflète une transformation des structures économiques et de classe qui les a rapprochées de celles des États-Unis. On met beaucoup moins l'accent sur la pétrification des classes sociales, clairement hiérarchisées et issues d'un passé féodal et monarchique. La croissance des économies européennes, de même que l'augmentation des biens de consommation qui en est résultée et la répartition plus équitable de l'éducation ont considérablement réduit les différences de mode de vie entre les classes sociales, y compris en ce qui concerne les accents et l'habillement. La distribution des revenus et des compétences professionnelles a perdu la forme pyramidale qui caractérisait la fin du XIXe siècle et le début du Xxe siècle, pour prendre celle d'un diamant bombé au milieu.

A présent, les partis politiques de gauche cherchent plus à séduire la classe moyenne en augmentation que les ouvriers de l'industrie et les indigents qui constituent une part décroissante de la population. Aux États-Unis, prototype des sociétés industrialisées, la proportion des gens employés à des activités non manuelles est passée de 43% en 1960 à 58% à la fin du siècle, alors que la proportion des ouvriers employés dans l'industrie tombait de 26 à 16%. Au Royaume-Uni, ce chiffre est tombé de 36% à 19% ; en Suède de 32% à 19% ; aux Pays-Bas de 30% à 19% ; et en Australie de 26 à 13,5%. Cette diminution a été moins marquante, quoique également marquée, en France (28 à 20%) et en Allemagne (34 à 29%).

L'Amérique a toujours accordé moins d'importance à la conscience de classe et à l'organisation en classes sociales que les sociétés européennes : en tout état de cause, toutes deux sont en déclin de chaque côté de l'Atlantique. L'adhésion à un syndicat, base principale des partis de gauche, est tombée dans les mêmes proportions dans quatre cinquièmes des quatre-vingt douze pays étudiés par l'Organisation internationale du Travail. Entre 1985 et 1995, le taux d'adhésion syndical a baissé de 21% aux États-Unis. En 2000, seuls 13,5% des ouvriers américains – et moins de 10% de ceux ayant un emploi privé – sont membres de syndicats. Ces réductions ont même été plus importantes en France et en Grande-Bretagne (respectivement 37 et 28%) alors qu'elles atteignaient près de 18% en Allemagne (7). Comme les Démocrates aux États-Unis, les partis sociaux-démocrates européens et d'Asie du Sud se sont diversifiés socialement en termes d'adhésion et de soutien. Les corrélations entre la classe et le vote, qui sont plus faibles aux États-Unis que partout ailleurs dans le monde industrialisé, ont chuté dans la plupart des nations développées au cours des dernières décennies, tandis que la distribution des classes économiques et les niveaux de consommation changeaient.

Certaines des forces sous-jacentes à l'origine de ces évolutions ont été identifiées par un certain nombre de chercheurs en sciences sociales néo-marxistes dans leurs débats sur l'émergence de la « société postindustrielle », du « postmatérialisme » et de la « révolution scientifique et technologique ». Daniel Bell, social-démocrate de toujours, a joué un rôle central dans la conceptualisation de ces changements en Occident. Radovon Richta et ses compagnons de l'Académie des sciences de Tchécoslovaquie ont extrapolé des évolutions similaires en Europe de l'Est et en Union soviétique. (8)









L'imitation du modèle américain







Les transformations qui en sont résultées dans les relations de classe et les relations politiques au sein des sociétés industrielles développées, comme celles intervenues dans la politique de gauche aux États-Unis et en Europe, peuvent être analysées dans le cadre d'un marxisme « apolitique », c'est-à-dire en acceptant la thèse que les avancées techniques et la répartition des classes économiques déterminent les « superstructures » politiques et culturelles, sans pour autant supposer que le socialisme succédera au capitalisme. Nombre des évolutions annoncées par Marx – croissance des usines, forte augmentation du prolétariat industriel, réduction du nombre des non-salariés – n'ont plus cours. Le nombre de gens employés dans des activités tertiaires, techniques et de services s'est plutôt accru rapidement. Le nombre de diplômés de l'université et d'étudiants dans l'enseignement supérieur a brusquement augmenté. Alain Touraine, important sociologue français et intellectuel de gauche, suggère que ces évolutions ont eu pour effet de changer la base du pouvoir : « Si la propriété était le critère d'appartenance à la précédente classe dominante, la nouvelle classe dominante se définit par le savoir et un certain niveau d'éducation (9) ».

Les néo-marxistes et les déterministes de la technique ont souligné combien le savoir théorique et scientifique est devenu la principale source du changement social et économique, modifiant les structures sociales, les valeurs et les mœurs, au point de donner un prestige et un pouvoir considérables aux élites scientifiques et technologiques. Les couches émergentes du postindustrialisme, qui ont leurs racines à l'université, dans les domaines scientifique et technique, les industries produites par l'informatique, le secteur public et les professions libérales, ont développé leurs propres valeurs.

Ronald Inglehart, le plus important analyste empirique du postindustrialisme, fait observer que les changements de valeurs « postmatérialistes » et la diminution des conflits de classe dépendent aussi du développement d'une atmosphère d'abondance à la fin de ce demi-siècle. Les générations qui ont atteint leur majorité au cours de la seconde moitié du Xxe siècle ont des valeurs différentes de celles de leurs prédécesseurs qui ont été élevés dans un climat de pénurie économique et ont connu de graves dépressions économiques. Les données d'étude rassemblées par Inglehart sur le dernier quart de siècle font apparaître une nette action générationnelle et l'existence de liens avec l'augmentation des réalisations en matière d'enseignement qui ont rendu possible l'expansion de la recherche scientifique et de haute technologie (10).

Ces évolutions ont profondément affecté le monde politique des sociétés industrielles avancées. La croissance du pouvoir du marché dans l'arène économique a entraîné un déclin du conflit idéologique sur le rôle de l'État dans la politique postindustrielle. Mieux éduqués, les citoyens se sont de plus en plus intéressés à des sujets non économiques ou sociaux : l'environnement, la santé, la qualité de l'éducation, la culture, une plus grande égalité pour les femmes et les minorités, l'extension de la démocratisation et de la liberté chez eux et à l'étranger, et (enfin et plus encore) les questions de morale personnelle, notamment lorsqu'elles concernent les problèmes familiaux et le comportement sexuel. Dans certains régimes, y compris en France et en Allemagne, les réformateurs écologistes ont pris les devants en créant de nouveaux partis verts, généralement alliés aux nouveaux sociaux-démocrates au sein d'une coalition.

De même que les États-Unis ont servi de modèle à des régimes moins étatistes et plus axés sur le marché, ils se sont trouvés tout récemment en première ligne de la « nouvelle politique » postmatérialiste qui a, pour ainsi dire, fait le trajet de Berkeley et Madison à Paris et Berlin. Au début des années 70, l'analyste politique français Jean-François Revel notait que les formes les plus récentes du mouvement de contestation, que ce soit en Europe ou ailleurs, étaient « des imitations du prototype américain » (11).

Si beaucoup d'analystes politiques admettent les importantes reformulations opérées par la gauche dans leurs propres pays, ils ne se rendent pas compte combien ces changements reflètent des évolutions communes à l'ensemble des démocraties économiquement avancées. Pour faire ressortir l'ampleur et la coïncidence de ces événements, je résumerai les moyens par lesquels, pays après pays, la politique de gauche a pris un tour « américain ». Cela ne veut évidemment pas dire que les partis et les idéologies soient les mêmes à travers les nations. Il y a d'importantes variations qui reflètent les divers contextes historiques, la nature variée des clivages politiques et les modèles structurels et démographiques sous-jacents. Cependant, il existe d'importantes similitudes entre ces politiques. Comme Tony Blair l'a souligné, « il est parfaitement sain de se rendre compte qu'il y a des évolutions communes au monde entier (12) ».







Les nouveaux sociaux-démocrates







A la suite d'une réunion des responsables des sociaux-démocrates européens avec Bill Clinton le 24 septembre 1998, Tony Blair proclama leur nouvelle doctrine de la « troisième voie » :




« Dans l'économie, notre approche n'est ni le laissez-faire ni l'ingérence de l'Etat. Le rôle du gouvernement consiste à promouvoir la stabilité macroéconomique ; à mettre en place des politiques fiscales et sociales qui encouragent l'indépendance et non la dépendance ; à préparer les gens au travail en améliorant le système éducatif et les infrastructures ; et à promouvoir l'entreprise. Nous sommes fiers d'être soutenus par les dirigeants du monde des affaires comme par les syndicats [...] En matière de politique sociale et de l'emploi, la troisième voie implique une réforme du système social afin qu'il débouche sur le travail là où c'est possible. Elle encourage l'introduction de normes équitables au travail tout en rendant celui-ci rentable par la réduction des taxes et des sanctions qui découragent le travail et la création d'emplois (13) ».




Les élections britanniques de 1997, gagnées par le parti travailliste à une écrasante majorité une fois qu'il eut cessé de mettre l'accent sur la propriété publique comme il le faisait depuis le début de son histoire, mirent fin à un siècle d'efforts socialistes pour réduire la place de la propriété privée ou l'éliminer complètement. Tony Blair prit soin de souligner qu'il était d'accord avec la politique de liberté du marché et de réduction de la taille du gouvernement menée par Bill Clinton. Avant Clinton, Blair avait déclaré que l'ère des gouvernements massifs était terminée et avait promis de gouverner au centre. Blair recomposa l'image de son parti en en faisant le New Labour, un parti non socialiste qui n'est pas tenu de travailler avec les syndicats. Il souligna qu'il voulait que les syndicats coopèrent « avec les directeurs d'entreprise britannique ». Peter Mendelson, qui était alors l'idéologue des blairistes, affirma fièrement que les travaillistes étaient à présent « un parti du marché capitaliste (14) ».

Plus remarquable encore était le conseil donné par Blair aux organisations travaillistes dans un article paru en 1994 dans le New Statesman ; il y disait qu' « il est tout à fait dans l'intérêt des syndicats de ne pas être associés à un seul parti politique ». Blair soutenait que les syndicats « devaient être capables de réussir, qu'il y ait ou non un changement de gouvernement ». Cette réflexion émanait du chef d'un parti fondé dans une large mesure par les syndicats et subventionné par eux pendant toute son histoire. Pendant la campagne de 1997, le parti travailliste rendit public un manifeste spécial, destiné aux milieux d'affaires ; il promettait que le gouvernement de Blair conserverait les « principaux éléments » des limitations apportées par Margaret Thatcher aux syndicats et résisterait aux revendications économiquement injustifiées. Dans une interview, Blair indiqua que son administration « ne modifierait pas la loi britannique [sur le travail] qui est la plus restrictive du monde occidental à l'égard du syndicalisme (15) ».

Le manifeste du parti proclamait : « on remplacera les impôts et les dépenses par des économies et des investissements ». Sa plate-forme électorale ne se contentait pas d'affirmer que « des profits sains sont un moteur essentiel d'une économie de marché dynamique », mais soulignait aussi que l'objectif d'une inflation faible impliquait qu'on maintienne le niveau des gains salariaux. Il n'est pas surprenant qu'au début de la campagne de 1997, Thatcher ait dit : « la Grande-Bretagne sera en sécurité entre les mains de M. Blair ». Au cours d'une réunion de l'Internationale socialiste, Blair lui retourna le compliment en disant : « sur certaines choses, les années 80 étaient dans le vrai – un accent mis sur l'entreprise, des marchés du travail plus flexibles ». L'un de ses premiers gestes après avoir pris ses fonctions fut de transférer le pouvoir de contrôler la politique monétaire et les taux d'intérêt du ministère des Finances à la Banque d'Angleterre. Un autre geste pris après sa première rencontre avec Bill Clinton le 31 mai 1997, fut de lancer une réforme du système social destinée à réduire le nombre de personnes à la charge de l'assistance publique en poussant les mères célibataires à prendre des emplois rémunérés. Au cours de cette réunion, Clinton et Blair avaient affirmé que « les partis progressistes d'aujourd'hui sont les partis de la responsabilité fiscale et de la prudence ». (16)

Le même modèle se retrouve dans le monde entier. Dans les années 80, les gouvernements travaillistes d'Australie et de Nouvelle-Zélande réduisirent les impôts sur le revenu, poursuivirent la dérégulation économique et privatisèrent diverses industries. Le parti travailliste australien parvint à un « accord » avec les syndicats qui aboutissait à réduire les salaires réels d'au moins 1% chacune des huit années où le premier mininstre Robert Hawke dirigea le gouvernement. Même histoire en Nouvelle-Zélande où, durant les années 1984-1990, le parti travailliste mit fin à « la tradition d'imposer en fonction des capacités de paiement », démantela le système social et privatisa de nombreuses entreprises étatiques. D'après un compte rendu paru dans un magazine social-démocrate, le Premier ministre David Langue soutenait que « les sociaux-démocrates doivent accepter l'existence de l'inégalité économique parce qu'elle est le moteur de l'économie (17) ».

Le même modèle s'applique aussi aux partis de gauche du monde non anglophone. Les sociaux-démocrates suédois modifièrent complètement leurs précédentes orientations en matière de croissance des salaires, d'impôt sur les hauts revenus et de maintien d'un état social solide pour s'engager eux aussi dans plusieurs mesures de privatisation. Le dernier dirigeant socialiste américain, Michael Harrington, déclara de manière critique que le gouvernement du Premier ministre Olof Palme augmentait le chômage en réduisant le revenu réel de ceux qui avaient un emploi (18).

En Espagne, le Premier ministre socialiste Felipe Gonzalez, qui gouverna trois mandats, transforma son parti, marxiste dans sa phase initiale postfranquiste, en défenseur de la privatisation, de la liberté du marché et de l'OTAN. Il remarqua un jour, en employant une formule presque à la Churchill, qu'une économie de marché concurrentielle est marquée par la cupidité, la corruption et l'exploitation du faible par le fort, mais que « le capitalisme est le système économique le moins mauvais qui soit ». The Economist estima que sa politique économique faisait paraître son gouvernement « un peu à la droite de celui de Mrs Thatcher (19) ».

Le plus ancien des grands partis marxistes, celui des sociaux-démocrates allemands (SPD), rejeta le marxisme à leur congrès de Bad-Godesberg en 1959. Russel Dalton, spécialiste américain de sciences poltiques, commenta par la suite leur programme : « Karl Marx aurait été surpris [...] d'apprendre que la libre concurrence économique était l'une des conditions essentielles d'une politique économique social-démocrate ». En 1976, le Chancelier social-démocrate Helmut Schmidt soutint que les intérêts des travailleurs exigeaient que les profits augmentent, notant que « les profits que font les entreprises aujourd'hui sont les investissements de demain, et les investissements de demain sont les emplois d'après-demain ». En 1990, le programme du SPD remarquait, à la mode libérale classique, qu'à l'intérieur d'un « système établi démocratiquement, le marché et la concurrence sont indispensables ». En 1995, Rudolf Scharping, qui était alors le candidat SPD à la Chancellerie et qui est aujourd'hui ministre de la Défense, souligna que les hypothèses soutenues jadis par son parti s'étaient révélées fausses et affirma : « Nous, sociaux-démocrates, avons créé un Etat social trop réglementé, trop bureaucratique et trop professionnalisé (20) ».

Le Chancelier élu en 1998, Gerhard Schröder, poursuit cette tradition. In ne voit pas le SPD comme une partie de la gauche, mais comme occupant un « nouveau centre », lieu où, comme l'écrit John Vinocur, « des mots tels que « risque », « esprit d'entreprise » et « marchés du travail flexibles » coexistent avec des expressions d'allégeance à la justice sociale et à une juste distribution des revenus ». Schröder a promis d'améliorer l'économie allemande et de réduire son taux élevé de chômage en baissant ses « coûts prohibitifs du travail » et « en mettant en place des incitations à de nouveaux investissements en capital ». Il remarque que le SPD est en train de « rompre avec [...] les attitudes étatiques de la démocratie sociale [... Nous] avons compris que l'Etat tout-puissant et interventionniste n'a pas sa place dans les circonstances actuelles (21) ».

Dans son discours inaugural après son installation comme Chancelier, le 10 novembre 1998, Schröder souligna la continuité avec le gouvernement sortant, celui du chrétien-démocrate Helmut Kohl, en disant : « Nous ne voulons pas faire quelque chose de différent, mais faire mieux beaucoup de choses. » Pour contribuer à la réduction du chômage, il a fait passer à 35% les charges sociales qui avaient atteint le taux minimum de 47% sous Kohl et a appelé les milieux d'affaires et les syndicats à coopérer dans une solennelle « alliance pour l'emploi ». Il a aussi proposé de développer les systèmes privés de retraite, d'encourager la responsabilité personnelle et de concentrer les subventions et les dépenses de l'Etat sur ce qui est « vraiment nécessaire », tout en liant « la politique fiscale à des mesures complémentaires incluant la dérégulation et l'ouverture des marchés », selon la formule du Financial Times (22).

Par le passé, les partis socialistes créaient de vastes Etats sociaux qui nécessitaient qu'une part toujours croissante du PNB (parfois plus de la moitié) aille au gouvernement. Aujourd'hui, cependant, ces mêmes partis admettent qu'ils ne peuvent pas soutenir la concurrence sur le marché mondial sans réduire les dépenses du gouvernement. Leur situation électorale les oblige à essayer de séduire la classe moyenne et les riches ouvriers spécialisés et employés travaillant dans la haute technologie. C'est pourquoi, comme Blair, Clinton et Schröder, ils cherchent à baisser les impôts, à réduire les droits sociaux et à équilibrer leurs budgets, mais ils insistent aussi sur la nécessité de réformes postmatérialistes destinées à nettoyer l'environnement naturel, social et économique. Même la Suède, qui est le prototype du régime social-démocrate, a accru ses efforts pour renforcer son économie en privatisant vingt-cinq nouvelles entreprises en 1999. La Finlande et le Danemark ont mené des politiques identiques sous une direction social-démocrate.







Les exceptions







Seuls les partis socialistes de Norvège et, dans une certaine mesure, de France, n'ont pas pris leurs distances à l'égard de l'intervention de l'Etat ; tous deux continuent à préférer de vastes politiques sociales (mais non, il faut le noter, la nationalisation de l'industrie). La Norvège peut encore croire au « socialisme à l'ancienne mode » à cause de ses importantes ressources en pétrole qui financent son Etat social. La gauche française opère au sein d'une société où le dirigisme faisait autant partie de la culture nationale que l'antiétatisme en Amérique. En France, la droite comme la gauche ont approuvé l'existence d'un Etat puissant, situation qui remonte à l'Empire, à la Révolution et à la monarchie. Le journaliste Roger Cohen a remarqué que « l'attachement gaulliste à l'Etat et le rejet d'une réforme du marché ont encouragé les socialistes à rester à gauche pour se distinguer ». Comme le souligne Ezra Suleiman, qui fait autorité parmi les universitaires sur la politique française : « la droite ne peut pas lâcher l'Etat, la gauche reste donc à gauche (23) ». Il n'est donc pas surprenant que les socialistes aient fait campagne et gagné les élections en 1997 en promettant de mettre en place un vaste programme de création d'emplois parrainé par le gouvernement et de protéger l'Etat social contre les restrictions budgétaires.

Cependant, dans une interview au Nouvel Observateur, le Premier ministre socialiste Lionel Jospin ressemble aux autres socialistes européens en se disant favorable à une prise de distance avec « l'étatisme », à une augmentation de la décentralisation et à l'accroissement de l'initiative individuelle (24). Il a fait l'éloge des importantes mesures de privatisation menées à bien par François Mitterrand durant sa deuxième présidence. Jospin a aussi parlé de la nécessité pour la France d'imiter l'économie américaine. En 1998, il critiqua le mépris de la gauche à l'égard du niveau de croissance de l'emploi américain en disant : « Contrairement à ce que nous avons prétendu et même cru, les emplois en cours de création aux Etats-Unis ne sont pas seulement, ni même surtout, mal payés et sans avenir, mais ce sont des emplois qualifiés dans les industries de service et de haute technologie. » D'après The Economist, Jospin a souligné que la France « pouvait apprendre beaucoup du dynamisme économique de l'Amérique, de la vitalité de sa recherche et de son innovation, de son esprit de concurrence et de sa capacité à se renouveler (25) ».







Le modèle néerlandais







Curieusement, le pays modèle de la fin des années 90 que les sociaux-démocrates européens et les autres citent fréquemment en tant que tel est les Pays-Bas avec un taux de chômage de 6,5% en 1997 (très en-dessous de celui des grandes économies du continent) et un taux de croissance supérieur à ceux de la Grande-Bretagne, de la France ou de l'Allemagne. Sous un gouvernement dirigé par l'ancien chef syndical Win Kok du parti travailliste, les Néerlandais ont maintenu le niveau « des salaires, de l'inflation et des taux d'intérêt, et [... simplifié] les règles d'embauche, de licenciement et d'ouverture des entreprises nouvelles ». Les allocations chômage ont été réduites tandis que les règles relatives aux indemnités pour maladie et incapacité étaient renforcées. Thomas Friedman du New York Times décrit cette politique comme « la méthode américaine de réduction, de privatisation et de relâchement de la réglementation du travail (26) ».

Dans un « pacte social » négocié entre les syndicats, alors dirigés par Kok, et les employeurs, les travaillistes ont accepté de limiter les augmentations de salaires à 2% par an. Que ce soit dû ou non à ces politiques, l'économie du quasi plein emploi qui en est résulté a conduit à une augmentation de l'inégalité des revenus, très comparable à celle des Etats-Unis et des autres pays industrialisés. Dans les économies de haute technologie, les personnes les mieux formées et très spécialisées sont beaucoup plus recherchées que les ouvriers de l'industrie et les personnes ayant une faible formation et sont donc relativement mieux payés.

Ce ne sont pas les Etats-Unis qui sont politiquement « à contre-courant » dans le sillage d'une Europe plus « progressiste », c'est la gauche du Vieux Monde qui ressemble de plus en plus à la gauche américaine, comme l'avait prévu Lewis Corey. On peut donc même dire qu'en termes politiques ce sont les Etats-Unis qui ont montré à l'Europe l'image de son avenir. Au fur et à mesure que les pays européens atteignaient de nouveaux sommets d'abondance et de consommation de masse, ils se sont mis, comme l'avait prévu Antonio Gramsci, à ressembler aux Etats-Unis en ayant des sociétés moins stratifiées, moins limitées par des statuts et bien mieux éduquées. En conséquence, leurs couches les moins privilégiées ont une bien moins grande conscience de classe qu'autrefois. Aujourd'hui, les partis « progressistes » européens, désormais non socialistes, cherchent, comme le remarque Adam Przeworski, à rendre le capitalisme plus humain et plus efficace. Selon la formule de Régis Debray, l'ancien conseiller de François Mitterrand, l'objectif des dirigeants socialistes européens est « de mettre en oeuvre la politique de la droite, mais plus intelligemment et d'une manière plus rationnelle (27) ».









Termes anciens, définitions nouvelles







Rien de ceci ne vise à suggérer que les divisions politiques de la démocratie moderne, conceptualisées depuis la Révolution française dans un spectre allant de la gauche à la droite, ont disparu. Les Démocrates et les Républicains ou les sociaux-démocrates et les conservateurs contribuent encore aux choix électoraux bien que leurs positions idéologiques et leurs dissensions internes soient en train de changer (28).

Les clivages liés à la stratification sociale ne sont plus les principaux facteurs de détermination de la position d'un parti, qu'il soit à la gauche ou à la droite du spectre politique. Les sujets tournant autour de questions morales, de l'avortement, des « valeurs familiales », des droits civils, de l'égalité des sexes, du multiculturalisme, de l'immigration, du crime et de la sanction, de la politique étrangère et des communautés supranationales orientent les individus et les groupes vers des directions indépendantes de leur situation socio-économique. Cependant, la plupart de ces questions peuvent être rattachées à l'idéologie sociale qui, à son tour, est liée à la religion et à l'éducation.

La signification des termes « gauche » et « droite » est en train de changer. Comme nous l'avons vu, bien qu'il se pensent toujours comme sociaux-démocrates ou socialistes, les partis de gauche se sont largement reconstitués en prenant la forme de libéraux, au sens américain du mot, et mettent l'accent sur des questions postmatérialistes, telles que l'écologie, l'égalité des femmes et des homosexuels, les droits des minorités et les libertés culturelles. A des degrés variés, la droite a évolué vers le libéralisme classique ou des positions libertaires. La gauche insiste sur l'égalité du groupe et la sécurité économique ; la droite sur l'égalité des chances et l'affaiblissement du pouvoir de l'Etat. Logiquement, la droite devrait aussi défendre la liberté personnelle en suivant la ligne soutenue par les libéraux du XIXe siècle, mais les alliances politiques entre les conservateurs en matière économique et les traditionnalistes religieux ont encouragé le conservatisme culturel sur les questions liées au sexe, à la famille et au mode de vie. Compte tenu des variations complexes de la structure des clivages politiques, il est difficile aujourd'hui d'élaborer un modèle cohérent qui différencie la gauche de la droite. Par exemple, certains conseillers du nouveau président des Etats-Unis, George Bush, ont laissé entendre qu'il a une conception « communautariste », étiquette précédemment associée à certains conseillers de Bill Clinton.

Aucune grande tendance, qu'elle soit de gauche ou de droite, ne continue à croire en une utopie, solution à tous les grands problèmes qui passe par la reconstruction fondamentale de la société et du régime politique. Ces conditions de l'après-guerre froide sont de bon augure pour la stabilité démocratique et la paix internationale. C'est désormais un truisme que de dire que les démocraties ne se font pas la guerre ; or, pour l'essentiel, le monde est à présent démocratique. Bien qu'il existe des mouvements et des partis extrémistes, tous sont relativement faibles, en Occident du moins. Les plus puissants sont le Parti de la liberté de Jörg Haider en Autriche avec 27% des voix et le Front national de Jean-Marie le Pen en France qui est soutenu par 15% de l'électorat. Aucun autre n'approche ces niveaux. Il n'y a pas de dirigeant charismatique et peu d'enthousiasme politique. La jeunesse, dont Aristote remarquait qu'elle « a des idées exaltées [... et qui] préférerait faire des choses nobles plutôt que des choses utiles », est nécessairement frustrée (29).

Cette situation changera-t-elle ? Bien sûr : les économies et les sociétés qui en découlent ne restent jamais à l'état fixe. La dynamique intérieure des systèmes de marché amènent des renversements dans les cycles économiques qui peuvent menacer la stabilité démocratique. L'effondrement du Japon a remplacé le miracle japonais. Le passage de la France à gauche en 1997 et l'appui de Le Pen à la droite ne furent pas seulement facilités par les valeurs étatiques du pays, mais aussi par un taux de chômage de 12%. Les facteurs démographiques menacent de saper les fondations des systèmes de sécurité sociale et de santé. L'irruption de nouveaux acteurs importants sur la scène internationale, tels que la Chine, peut et va provoquer de nouveaux déséquilibres commerciaux. Mais toutes ces perspectives et d'autres encore sont pour plus tard.

Pour le moment, la fin de la guerre froide a apparemment marqué la victoire presque complète de l'Amérique et de son idéologie. Les Etats-Unis sont à présent la seule superpuissance. Leur économie est la plus productive. Les grands mouvements récents en faveur d'un changement social égalitaire et de l'amélioration de la qualité de la vie – le féminisme, l'écologie, les droits civils des minorités, les droits des homosexuels – sont tous partis de l'Amérique, comme cela a été le cas des révolutions démocratiques du XIXe siècle. Le monde développé a mieux réussi que jamais en satisfaisant les désirs de consommation de son peuple, ceux des travailleurs manuels comme ceux des classes intellectuelles.

Tout cela devrait rendre les sociétés plus conservatrices et satisfaites d'elles-mêmes. Cependant, les critères sur lesquels les pays occidentaux se jugent à présent eux-mêmes proviennent des credo révolutionnaires français, américain et marxiste. Ils proclament que « tous les hommes naissent égaux » et partagent l'objectif de « la vie, la liberté et la recherche du bonheur ». Cependant, tous les régimes politiques, même les libéraux classiques, doivent échouer pour se conformer pleinement aux objectifs utopiques inhérents aux positions libertaires et à l'égalitarisme. Les Américains inclinent encore plutôt du côté libertaire. Les Européens du côté égalitariste. Les deux tendances préfèrent la liberté à tout et veulent poser de fortes restrictions juridiques au pouvoir étatique. Les Américains préfèrent une société méritocratique, libertaire, au gouvernement efficace, mais faible. Ils n'atteindront pas ces objectifs dans l'absolu, mais ils continueront à les poursuivre. Il faut remarquer que les socialistes, de Marx et Engels à Antonio Gramsci, Anthony Crosland et Michael Harrington, ont tous reconnu que les Etats-Unis s'approchaient davantage socialement (mais évidemment pas économiquement) de leur objectif idéologique d'une société sans classe avec un Etat faible qu'aucun autre système qu'ils aient connu au cours de leur vie. Leon Samson, marxiste américain, concluait au début des années 30 que les radicaux américains ne pouvaient pas vendre le socialisme à un peuple qui croyait vivre déjà dans une société qui, sur le plan opérationnel, mais évidemment pas sur le plan terminologique, se soumettait aux objectifs socialistes.

L'Amérique a toujours une vision idéologique qui lui permet de motiver sa jeunesse. Les Européens s'abandonnent de plus en plus à une vision sociale identique, issue dans une large mesure de la Révolution française et de la démocratie sociale. Tous deux acceptent la concurrence du marché comme le moyen d'augmenter la productivité et, ce faisant, de diminuer les différences de modes de consommation liées à l'appartenance à une classe. Tous deux étendent la portée de l'enseignement supérieur, ce qui a pour conséquence d'accroître la possibilité d'accéder aux rangs de l'élite. On met moins l'accent en Europe sur les différences de statut. L'inégalité économique est naturellement toujours importante et même en augmentation durant les périodes d'innovation technique, comme c'est le cas à présent, parce que les nouvelles compétences sont bien plus demandées que les anciennes. Mais avec le déclin des modèles de respect et d'infériorité sociale et l'accroissement de l'accès à l'information dû au développement de l'Internet, le pouvoir est plus éparpillé.

Ces profonds changements sociaux et économiques continueront à refaçonner la nature des clivages entre les partis dans les prochaines décennies, d'une manière qu'on ne peut sans doute pas totalement prévoir aujourd'hui. Mais, de même que, selon Tony Blair et Bill Clinton, l'ère des gouvernements importants est maintenant révolue, la récente évolution des partis de gauche annonce la fin de la classe comme clivage majeur structurant la politique des partis. Dans les démocraties industrielles avancées, les partis continueront à se répartir sur un spectre gauche-droite mais la « gauche » et la « droite » ne seront plus jamais définies par la lutte entre le socialisme et le capitalisme. Avec la fin de cette grande compétition idéologique, les différences entre les partis se sont amenuisées et sont devenues plus changeantes. Aujourd'hui, la plupart des partis inclinent vers le centre sur les questions économiques, tandis que les systèmes de partis hésitent dans la recherche d'une nouvelle grande ligne de clivage. Il se peut que les bases sociales de ce nouveau clivage, qui aura valeur de définition, n'apparaissent pas de si tôt.




Seymour Martin Lipset
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