Bonjour à tous
Pour changer, voici un sujet un peu sérieux. Les vétérinaires de France et de Navarre sont en colère ! En effet, le gouvernement prévoit de lancer le découplage prescription-délivrance.
Keksekssa ? C'est la fin de la possibilité offerte aux vétérinaires de vendre eux-même les médicaments qu'ils prescrivent. Actuellement les vétérinaires sont à la fois prescripteurs et vendeurs des médicaments qu'ils prescrivent. Le pharmacien est en droit de vendre tout médicament de la pharmacopée, qu'il s'agisse d'un médicament pour humain ou toute autre espèce. Mais la plupart du temps, nous avons des médicaments adaptés à la prise par un animal et nous vendons alors le médicament adapté. Nous prescrivons en pharmacie soit parce que nous sommes en rade soit parce que la molécule visée n'a pas fait l'objet de la commercialisation d'un médicament spécifiquement vétérinaire.
Evidemment, le pharmacien, lui, considère ça comme un manque à gagner. Depuis des années, régulièrement le lobby des pharmaciens fait tout ce qu'il peut pour obtenir non pas le droit de vendre (qu'ils ont déjà) mais bien le monopole de la vente de médicaments humains ET vétérinaires.
Récemment, les pharmaciens ont été "attaqués" par les supermarchés, Leclerc en tête, qui veulent eux aussi vendre des médicaments sous certaines conditions. Les pharmacies ont déjà quasiment perdu le marché de la parapharmacie, concurrencés par des pures parapharmacies moins chères que les officines.
Le vieux serpent du découplage est donc revenu sur le devant de la scène et une première série de médicaments, des antibiotiques dont la liste n'a pas été définie, doit passer par une délivrance unique du pharmacien le 13 novembre (examen au conseil des ministres. Il est évident que d'autres suivront et que cette première mesure est le début du découplage total.
Quelles seront les conséquences ? Les vétérinaires ne pourront plus vendre directement les médicaments. Ils feront la consultation, les actes, et laisseront une ordonnance pour que le client aille à la pharmacie.
Concrètement, cela se traduira par :
- une augmentation des tarifs des actes, car pour le moment quand il faut pondérer une facture, on fait couramment un geste sur un acte, pas sur un médicament qu'on a acheté au préalable. Malgré les apparences beaucoup d'actes sont actuellement sous-tarifés si on compare avec la médecine humaine, il y aura forcément une remise à niveau par les cliniques pour compenser la perte de chiffre d'affaire
- une augmentation du tarif des médicaments, car comme il y a beaucoup plus de pharmacies que de vétérinaires, les pharmaciens n'ont pas les mêmes débits de ventes et donc pas les mêmes conditions tarifaires. Nous avons beaucoup de médicaments sous la forme de "vracs" que nous déconditionnons pour vendre à l'unité moins chers que les boîtes séparées et que les pharmaciens n'utilisent pas car ça leur fait trop cher d'acheter le vrac entier.
- la fermeture de nombreuses cliniques en milieu rural. Vu le prix de la viande toujours plus bas, les éleveurs ne cherchent plus à soigner une bête malade et le nombre d'actes a chuté énormément pour les vétérinaires "ruraux" (qui soignent les vaches, cochons, moutons etc). On soigne maintenant en faisant des visites d'élevage régulières et en délivrant les médicaments nécessaires, administrés par l'éleveur en général. Ceci impliquera des délais de traitement beaucoup plus longs vu que le maillage des cliniques va s'éclaircir considérablement
- une baisse de la qualité de soins. Il est certain qu'un bon nombre de propriétaires ne feront pas la démarche d'aller chercher les médicaments à la pharmacie, moins pratique et plus cher qu'avant. Au mieux ils iront chercher le médicament plus tard. Ce sera pire si on nous retire aussi la possibilité de vendre les injectables, car qui reviendra pour une seconde visite pour "faire la piqûre" après avoir acheté le médicament en pharmacie ?
- la probable fin à terme des urgences assurées par les vétérinaires. Comment soigner un animal si on ne peut pas délivrer le médicament nécessaire ? Vu que les pharmacies de garde doivent en général être contactées au préalable par la police pour vendre un médicament le week-end, comment cela se passera-t-il pour un médicament destiné à un chat ou un chien ? Et quel est l'intérêt de voir un animal le week-end ou la nuit si de toutes façons le traitement doit attendre le lundi que le pharmacien soit ouvert ? En médecine humaine les médecins n'assurent plus les gardes, ils renvoient à l'hôpital. Des hôpitaux vétérinaires, en général regroupant des spécialistes, se créent actuellement et assureront probablement les urgences, mais à quel tarif ?
Ici un article d'un site pour les ASV (Auxiliaire Spécialisé Vétérinaire) qui résume bien le problème posé par cette loi prévue par le ministère de la Santé, Marisol Touraine en tête.
http://www.asvinfos.com/component/flexicontent/92-articles-professionnels-auxiliaire-veterinaire-asv/802-le-projet-de-loi-qui-met-les-veterinaires-en-colere.html?Itemid=97
Ici une pétition à signer si vous vous sentez solidaires de ce problème
http://www.stop-marisol-touraine.com/
Je suis à votre disposition si vous voulez des explications complémentaires.
vetopop'